Zoom sur les omega 3
- cabinetdespins34
- 1 mars 2022
- 3 min de lecture
Les oméga-3 sont de véritables nutriments indispensables, mais ils n’ont été reconnus comme tels que tardivement, un peu comme un luxe, dans des populations qui ne présentaient plus aucune des graves carences du passé, c’est-à-dire dans des populations ayant réussi à couvrir leurs apports en nutriments encore plus indispensables. Leur importance pour nous maintenant, c’est aussi augmenter l’espérance de vie et surtout la qualité de fin de vie.
Oméga-3 et cerveau
Chez l’homme, l’indispensabilité des oméga-3 et l’établissement des besoins requis ont pu être démontrés sur trois bases :
1. Extrapoler à l’homme à partir des expériences de carences chez l’animal, c’est appliquer le principe de précaution pour éviter aux enfants un déficit visuel et cérébral même mineur, établi comme général chez les mammifères.
2. Indirectement et sans la provoquer, la situation de déficit a été obtenue et décrite chez l’enfant en comparant les statuts en oméga-3 dans le sang et en mesurant les paramètres visuels et cognitifs d’enfants nourris au sein (lait contenant des oméga-3) ou au lait infantile (dépourvu d’oméga-3 à l’époque). Résultat : mêmes différences (un peu atténuées) que chez le rat sur les plans visuel et cognitif (avec ce qu’il est possible de démontrer chez l’enfant). C’était indiscutable et cela a conduit à l’obligation progressive d’incorporer des oméga-3 dans les laits infantiles.
3. Au cours de cette même période, le statut cérébral en oméga-3 (là où ils sont tellement importants) a été étudié dans un des rares cas possibles de biopsie, chez des enfants décédés de mort subite, qui ont montré que le statut des enfants nourris au lait infantile n’atteignait jamais celui des enfants nourris au sein. Toutes ces années de recherches plus ou moins directes ont conclu au rôle structurant et constituant des oméga-3 dans le cerveau. La cause était entendue. Ces derniers Mohicans des nutriments indispensables entraient dans la cour des grands. Les Américains baptisèrent même le plus précieux cervonic acid.
Résoudre un problème de déficit est la première justification de l’éducation nutritionnelle et des progrès de la nutrition. Les oméga-3 offrent un bel exemple d’investissement en faveur de la prévention visant à retarder plusieurs problèmes physiologiques (aux niveaux cérébral, cardiaque et vasculaire), mais ils ne sont en rien l’équivalent d’un médicament thérapeutique (statines, fibrates, anti-inflammatoires), qui soigne le malade avec puissance et rapidité, au prix de quelques effets secondaires. Pour les oméga-3, la justification scientifique ou le niveau de preuve sont d’abord ceux de la recherche fondamentale démontrant des mécanismes communs avec des médicaments agissant dans le même champ (inflammation, agrégation plaquettaire, etc.). En pratique, les apports recommandés pour les oméga-3 de type EPA + DHA sont de 500 mg par jour minimum, alors que la consommation moyenne est de 130 à 200 mg par jour en France. Ces chiffres justifient totalement la recommandation nutritionnelle visant à compenser ce déficit.
Côté sécurité, l’établissement d’un « besoin » repose sur une masse de données scientifiques, avec des doses très variées allant de la carence à la surcharge, qui montrent évidemment dans la foulée qu’il n’y a pas de risque à la dose conseillée. Concrètement, l’approche nutritionnelle et les recommandations ne s’exercent qu’entre le déficit observé et le niveau requis. Dans le cas des oméga-3, même avec les doses « inuitesques » des Esquimaux du Groenland (ils en dévorent plus de 12 g par jour, en moyenne), on n’arrive toujours pas à décrire un risque d’excès.
Finalement, le seul danger avec les oméga-3, comme avec les autres nutriments indispensables, c’est d’en manquer. Mais la culture du siècle, tournée vers la peur du risque infinitésimal, a tué la perception du risque de déficit. On a finalement les inconvénients de nos obsessions collectives.

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